« Biocarburant » : se dit de combustibles liquides produits à partir de plantes cultivées. Mais cela ne veut en aucun cas dire qu’ils sont issus de l’agriculture biologique.
Le terme « agrocarburant » serait plus approprié, et éviterait toute confusion. Il existe plusieurs types d’agrocarburants. L’huile végétale brute, utilisée dans un moteur diesel, le biodiesel, qui résulte de la transformation chimique de l’huile végétale, et enfin le plus répandu, le bioéthanol, utilisé pour les moteurs essence. Ces agrocarburants ont pour point commun d’être produits par traitement de matières végétales. Fabriqués le plus souvent à partir de blé, colza, maïs ou encore canne à sucre, puis mélangés aux carburants traditionnels, ils permettraient de réduire la consommation de pétrole, ainsi que le rejet de gaz à effet de serre. Toutefois les qualités « vertes » de ces agrocarburants sont à nuancer, car il faut prendre en compte leur mode de production. Or, les techniques de culture employées risquent d’aggraver les conséquences néfastes pour l’environnement, et ne constituent pas une réponse satisfaisante au problème énergétique.
BILAN ENERGETIQUE
Dans le cadre d’une agriculture intensive, une grande quantité de pétrole est nécessaire à la fabrication d’agrocarburant. Lors de la phase de croissance des plantes, les engrais utilisés en abondance sont issus d’hydrocarbure. Puis, lors de la transformation chimique de la matière, le processus utilise de l’énergie pétrolière. Contrairement à l’objectif visé, la fabrication d’éthanol ou de biodiesel consomme plus d’énergie qu’ils n’en produiront comme carburant.
Concernant la pollution atmosphérique, la photosynthèse opérée durant la croissance des plantes compenserait le rejet de CO2 émis lors de la combustion du carburant. Mais ce calcul omet la quantité de CO2 rejetée lors de la production. De plus, la combustion des agrocarburants augmente la concentration d’ozone, ce qui peut notamment entraîner des affections respiratoires.
ACCELERATION DE LA DEFORESTATION ET EPUISEMENT DES SOLS
La production d’agrocarburants nécessite de plus en plus de terres cultivables. Le rendement est meilleur dans des zones chaudes et humides, aussi des pays du sud se lancent dans cette production. La demande croissante en énergie des pays du nord va accroître la pression foncière dans les pays du sud, qui font déjà face à une augmentation de la monoculture dédiée aux exportations. Au Brésil, les champs de canne à sucre se multiplient et prennent la place des pâturages. Le soja envahit la forêt amazonienne. Le défrichage par brûlis détruit la vie au sol, et oblige à utiliser énormément d’engrais. Ces plantations nécessitent de grandes quantités d’eau et appauvrissent les sols. La monoculture conduit à une diminution de la biodiversité.
En Indonésie, les palmiers à huile destinés à la fabrication de biodiesel accélèrent la destruction de la forêt pluviale. La Malaisie, première pro-ductrice d’huile de palme, a déjà perdu 87% de sa forêt tropicale. Des espèces telles que l’orang-outang sont gravement menacées.
AUGMENTATION DU PRIX DES CEREALES
Le gros handicap des agrocarburants est qu’ils entrent en concurrence avec la production alimentaire. Les plantes utilisées sont des céréales de base, et la demande croissante due à la fabrication d’agrocarburants entraîne une hausse des prix. Fin juin 2007, les réserves mondiales de blé, maïs et orge ont atteint leur niveau le plus bas depuis 1970. Aujourd’hui, plus de 800 millions de personnes ne mangent pas à leur faim du fait de leur pauvreté, alors que la terre pourrait largement nourrir tous ses habitants. Si la hausse des prix des aliments de base se poursuit, 1,2 milliards de personnes pourraient souffrir de la faim en 2025. Le Mexique, qui importe 30% de son maïs des Etats-Unis, a vu le prix des tortillas augmenter de 40%. Le prix du maïs subit en effet une forte pression due à la demande croissante en éthanol.
ATTEINTES AUX DROITS DE L'HOMME
Les populations locales se voient spoliées et chassées de leurs terres ancestrales par les grands industriels. Les coupeurs de canne à sucre travaillent jusqu’à douze heures par jour. Au cours des cinq dernières années, 1383 travailleurs ont perdu la vie dans les champs de canne brésiliens.
L'ESPOIR DES AGROCARBURANTS DE DEUXIEME GENERATION
L’éthanol cellulosique, qui vise à transformer en carburant toutes sorte de matières végétales (déchets végétaux, copeaux de bois…), fait l’objet de recherches scientifiques. Cette technique limiterait l’impact des agrocarburants sur la production agricole et sur la forêt. De plus, l’éthanol fabriqué entièrement avec de la cellulose affiche un ratio énergétique 5 à 6 fois meilleur que les agrocarburants de première génération, et émet environ 85% de moins de gaz à effet de serre que l’essence.
Cependant, il ne faut pas considérer que cela pourrait remplacer les quantités de pétrole consommées. D’autant que la demande en énergie va être croissante. Le développement des agrocarburants ne pourra résoudre la crise pétrolière, et risque de faire perdre de vue l’essentiel : limiter la consommation d’énergie. C’est tout le modèle énergétique qui est à revoir. Ce n’est que dans ce cadre qu’une utilisation de la biomasse comme source d’énergie pourrait être envisagée. Les agrocarburants sont moins polluants à la seule condition qu’ils soient produits dans le cadre d’une agriculture responsable, qui sous entend fabrication artisanale et proximité.
Quelques chiffres…
· La quantité de céréales nécessaires pour faire le plein d’un 4X4 suffirait à nourrir une personne pendant un an.
· Il faudrait cultiver 118% de la France en tournesol pour remplacer le pétrole consommé par les français chaque année.
· 45 000 litres d’eau sont nécessaires pour fabriquer 5 litres d’éthanol.
Tournesols, Van Gogh
Retour à la page d'accueil