Parfois, la somme des événements qui se déroulent au même moment sur la planète impose une simple question : « Mais que se passe-t-il dans le monde ? ».
Un bref tour d’horizon des faits marquants de la semaine peut en effet donner le vertige. Tout d’abord, dans l’indifférence presque générale, les forces armées de Laurent Gbagbo, candidat non-élu au pouvoir, ont lancé une offensive sur le quartier où réside Alassane Ouattara, président élu sans pouvoir. Il est désormais loin le temps où la communauté internationale s’interrogeait sur la possibilité d’une intervention pour forcer le président sortant à reconnaître la victoire de son adversaire. Aujourd’hui, personne n’est là pour s’interposer à un véritable coup d’Etat anti-démocratique de Laurent Gbagbo (lire infra sur ce sujet).
L’attention est aujourd’hui focalisée sur le Japon après l’avoir été sur les révolutions arabes. On en oublierait presque la sortie diplomatique magistrale du Président de la République, Nicolas Sarkozy, qui a une nouvelle fois fait preuve d’une clairvoyance et d’un discernement sans égal en reconnaissant le Conseil national de transition (les forces opposées à Mouammar Khadafi) comme représentant légitime du peuple libyen. Un tel acte, s’il est courageux pour certains, n’en est pas moins très maladroit. D’abord, de manière très cynique, parce qu’il intervient au moment où les forces rebelles perdent du terrain et ne semblent plus en mesure de s’imposer face aux forces armées du guide de la révolution. Surtout parce qu’il intervient moins de quatre ans après la visite du chef d’Etat libyen que Nicolas Sarkozy et son gouvernement avaient alors tenté de faire passer pour un dirigeant respectable comme un autre. En quatre ans, Khadafi est resté le même, pourquoi donc était-il assez fréquentable pour le laisser planter sa tente bédouine à l’hôtel de Marigny ? Peut-être pour sauver la vie des infirmières bulgares et du médecin palestinien en contrepartie ? Sans doute mais surtout pour s’approprier la gloire de cette libération très médiatique. Le Président de la République n’a pas changé lui non plus : malheureusement opportunisme et affaires étrangères devraient être incompatibles.
Enfin, les drames terribles qui touchent le Japon : tremblements de terre, tsunami et risques nucléaires, sont incroyables. Au-delà des images, des morts et des souffrances qu’ils représentent, comment ne pas s’interroger sur l’énergie nucléaire ? Ces accidents montrent qu’il s’agit d’une technologie que les hommes ne peuvent pas contrôler. Nous savons uniquement la mettre en œuvre et essayer de nous prémunir de ces dangers mais en des cas exceptionnels, l’homme ne peut rien pour éviter un deuxième Tchernobyl, voire pire. Bien sûr, tous les pays qui utilisent l’énergie nucléaire ne sont pas soumis à des catastrophes naturelles comme au Japon. Il est nécessaire de rappeler que le séisme qui a touché Sendaï était le plus important jamais enregistré et beaucoup de scientifiques attendent encore le « big one ». Il en est de même aux Etats-Unis avec les risques sismiques en Californie ou les ouragans et tornades du sud du pays. La France elle connaît des tempêtes, des inondations. Après le 11 septembre 2001, quel Etat occidental peut garantir un risque 0 d’attentat contre une de ses centrales ? Et l’erreur humaine, un paramètre qui sera toujours présent. De plus, comment empêcher les Etats émergents d’avoir accès à cette technologie alors que tous les pays du Nord en ont profité pendant des décennies ? Ces Etats auront-ils un niveau de sécurité suffisant ? Enfin, une dernière question : quand l’homme a entre ses mains un outil qui peut détruire sa planète, pourquoi s’en servir s’il ne sait pas le contrôler?